Lucia de Syracuse a écrit : ↑03 oct. 2024, 22:04
Amalea, le visage grave mais concentré, invite Keith à la suivre jusqu'à un des lits. [...] Ils arrivent devant l'un des patients plongé dans un état semi-comateux. Amalea se tourne vers Keith, lui faisant signe de s'approcher. Le patient, allongé sur le lit, semble dans un état de torpeur, immobile, à l'exception de quelques légers spasmes qui secouent ses membres à intervalles irréguliers.
—
Regardez, dit-elle calmement, en sortant de la poche de sa blouse une petite lampe de poche médicale. Elle ajuste la lumière au maximum avant de la pointer directement sur la peau pâle du dos de la main du patient. Immédiatement, le patient réagit de façon vive, retirant sa main comme si la lumière l'avait brûlé, bien que le reste de son corps demeure immobile.
—
Cela, c'est ce que nous observons depuis peu, explique-t-elle d'une voix posée.
Ces patients deviennent intolérants à la lumière. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c'est que leur état empire en l'absence de lumière. Elle marque une pause, ses traits crispés par la perplexité.
Ce phénomène est... contradictoire. La lumière les fait souffrir, mais l'obscurité semble accélérer leur dégradation.
Elle fixe Keith un moment, guettant sa réaction.
—
Nous avons vérifié tout ce qui est possible. Ils ne réagissent pas comme les patients atteints d'une maladie classique. Il y a quelque chose ici que nous n'avons jamais vu avant. Je devrai sans doute me réjouir comme mon arrivée concorde avec une grande découverte médicale, mais je peine à le faire ...
Keith répond à l'invitation d'
Amalea et la suit calmement, guidé par la même concentration que cette dernière. Arrivé près d'un des lits faiblement éclairés par la lumière tamisée,
le scientifique s'approche au signe du
médecin Suk et examine très méticuleusement
le patient dont il détecte effectivement le ralentissement caractéristique permanent du métabolisme sauf quelques contractions musculaires.
Le
docteur Carlyle observe ensuite l'utilisation de la lampe de diagnostic sur la main du souffrant. Ses sourcils anguleux se froncent instantanément lorsqu'il guette la réaction physique.
Keith reporte alors son attention sur le
docteur Melzi et ses explications. Soudain, un éclair traverse ses deux yeux gris-bleu, fixés sur la guérisseuse. Il semble en profonde réflexion lorsque son regard se met à chercher des choses invisibles dans la pièce, des réponses que seules son esprit peut trouver.
Encres Nomades a écrit : ↑03 oct. 2024, 23:33
[...]
Siltaar s'éloigne et revient imposer sa présence aux deux docteurs en pleine conversation.
—
S'il vous plait, docteur Melzi-... ? commence-t-elle, cherchant à capter l'attention du
médecin Suk.
Je viens de recueillir le-... Témoignage du docteur Nora Saethrid. Ses doigts se rejoignent sur son ventre, en une attitude d'élève appliquée au devoir qui lui a été confié.
Un peu décousu mais-... L'essentiel que j'en ai retenu est qu'ils travaillaient sur des organismes issus des fonds marins et-... Capables de survivre à des pressions au-delà de l'entendement. La Musicienne observe
Keith et Amalea à tour de rôle, ses canines légèrement bombées s'enhardissant à mordiller la pulpe de sa lèvre inférieure. Une inspiration.
D'une dernière sortie en mer, l'un des scientifiques a-... Ramené quelque chose, d'après Nora. Comme vous vous en doutez, la situation a commencé à-... Dégénérer. Ses pouces s'entrechoquent, jouant d'estocs au gré arythmique de ses pensées.
Paranoïa. Cauchemars. Hallucinations. Ses narines s'épatent sur un long et lent souffle nasal, tandis qu'elle jette une œillade songeuse, un brin préoccupée, en direction des quatre lits auréolés de leurs voiles blanchâtres. Elle reporte l'attention de ses iris lactescents sur
le docteur Melzi.
Hm, vous avez examiné le docteur Helena Marek, celle qui est sous-... Assistance respiratoire. Vous confirmez qu'elle est enceinte ?
Tandis que sa transe savante se poursuit,
Keith enregistre les informations rapportées par
la Musicienne. Il capte les éléments, booste ses connexions synaptiques, remet en ordre ses idées. Soudain, il pitonne l'air de ses doigts comme
Siltaar le ferait sur le clavier d'un piano. Il pointe son index en direction d'
Amalea et prend la parole, sur un ton didactique.
«
Ce quelque chose ici. Vous ne l'avez jamais vu avant, parce que vous vivez à la surface. Le comportement des patients face à la lumière et à l'obscurité est un signe intrigant. Cette intolérance à la lumière, couplée à la dégradation rapide de leur état dans l'obscurité, peut indiquer un lien avec les conditions extrêmes des profondeurs marines. Peut-être que ce mal qui les affecte est adapté à un environnement spécifique, comme celui des abysses. Après tout, les êtres vivants se développant à des strates aquatiques profondes ont développé des morphologies inadaptées à la photosynthèse. »
Les globes gris-bleu du
scientifique quittent le
médecin Suk pour se porter sur
la courtisane. D'un ton plus grave, cette fois-ci,
Keith reprend la parole.
«
Le cas d'un enfant à naître ? Cette éventuelle grossesse peut être un détail important, voir crucial. Si la découverte des équipes scientifiques affecte l'humain au niveau cellulaire ou génétique, alors nous pourrions très largement faire avancer notre enquête. »
Le
docteur Carlyle croise les bras et tente de réaliser un constat éclairé, s'adressant à ses deux interlocutrices.
«
Il ne s'agit pas d'une simple curiosité scientifique. Des propriétés biologiques et psychiques encores inconnues. D'autre part, votre rapport sur l'évolution de l'atmosphère dans l'hôpital docteur Melzi, suggère que la présence des patients affectés perturbe l'environnement autour d'eux. Ce qui, de fait, nous met peut-être tous en danger, qu'il s'agisse de délir collectif ou de transmission biologique, voir psychologique. L'anomalie n'est peut-être pas une simple toxine ou une énième maladie contagieuse. Le cas des hallucinations, des cauchemars et même de cette atmosphère singulière... Sans compter que des agents non exposés sont désormais souffrants... La dimension de cette singularité dépasse probablement le cadre de l'anatomie humaine. » Il marque une pause. «
Il nous faut à tout prix comprendre quel est l'agent en cause de cette affection. Et analyser le lien entre les symptômes et l'exposition. Les récits, crédibles ou non des patients seront tout aussi précieux. »