[CAMPAGNE] L’éclat des lames et l’ombre des intrigues

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Roderic Tanis, le chef de la sécurité de la Maison Varykino, fait son apparition dans la salle de sécurité. Homme dans la quarantaine, de stature moyenne mais avec une présence imposante, il a des cheveux châtains courts, bien coiffés, et des yeux verts perçants. Sa silhouette, bien que normale en termes de taille, dégage une aura de contrôle et de rigueur. Il porte un uniforme de sécurité impeccable, avec des accessoires de fonction comme une ceinture équipée de divers outils et dispositifs de communication. Une cicatrice discrète sur son cou témoigne d'une longue carrière dans le domaine, mais son apparence reste soignée et professionnelle.

Il se tient devant les membres de l’équipe de sécurité nouvellement arrivés dans l'espace réservé pour les briefings, son attitude formelle et son ton mesuré ne laissant place à aucune ambiguïté.

“Mesdames et Messieurs, bienvenue. Les derniers invités étant en train d'arriver, permettez-moi de vous exposer les mesures de sécurité en place pour cette soirée.

Les dispositifs de sécurité ici sont de premier ordre. Les portes principales et les zones sensibles sont sécurisées par des cadenas génétiques, ce qui signifie que seuls les individus autorisés peuvent les ouvrir grâce à leurs empreintes biologiques. Les détecteurs de poison, placés à l'entrée de la salle de réception, dans la cuisine, et sur le toit, n'ont pas signalé d'anomalies jusqu'à présent. Tous les invités ont été soumis à un scan complet à leur arrivée, et hormis quelques personnalités spécifiques, personne n'est armé sur les lieux.

Les patrouilles de gardes se déplacent en cycles réguliers. À l’intérieur du palais, les patrouilles sont effectuées toutes les trente minutes, tandis qu'à l'extérieur, nous avons des rondes toutes les quinze minutes. Les zones critiques, telles que les accès aux zones sécurisées et les périmètres de sécurité, bénéficient d'une surveillance continue. Veuillez noter que les membres de la sécurité doivent rester en contact radio constant pour tout rapport d’incident ou observation.

Le palais est divisé en plusieurs niveaux de sécurité. Les zones réservées aux membres de la Maison Varykino sont strictement contrôlées, avec des barrages filtrants pour vérifier l'identité de toute personne cherchant à y accéder. Les zones sensibles telles que les bureaux des responsables de la Maison et les appartements privés sont encore plus sécurisées. Des équipes de sécurité locales sont positionnées à chaque point d’entrée et sortie, et nous avons des dispositifs de surveillance en place pour détecter toute activité suspecte.”

Il vérifie un court instant le communicateur placé derrière son oreille pour être certain que les membres de la sécurité en salle et en patrouille entendent également.

“Je ne vous apprends rien en vous disant qu'il y a des tensions politiques entre certaines des Maisons présentes ce soir. Il est crucial que chacun d'entre vous reste vigilant aux mouvements suspects et aux échanges discrets entre les invités. Une vigilance accrue est nécessaire pour détecter tout comportement inhabituel. Nous nous méfions également d’un possible sabotage orchestré par une faction concurrente cherchant à déstabiliser la Maison Varykino pendant la fête. Nous devons être prêts à réagir rapidement à toute menace potentielle. Enfin, certains des passages secrets du palais pourraient être exploités. Bien que nous ayons renforcé les contrôles, restez attentifs aux anomalies ou aux accès non autorisés. Pas de question ? Bien, je continue."

Il n'avait même pas attendu que quelqu'un se manifeste et semble perdre patience de son propre discours, comme s'il craignait que quelque chose arrive pendant qu'il n'est pas là.

“Pour cette soirée, il est essentiel que nous restions particulièrement attentifs à certains invités. Nous avons des éléments à surveiller de près, notamment ceux ayant des liens avec des Maisons rivales. Les D'Auria, par exemple, ne sont pas ravis de l'accord avec Ginaz, bien qu'ils soient davantage connus pour leur talent en sculpture et peinture que pour la manipulation politique. Toutefois, il convient de rester prudent. Nous avons également repéré plusieurs Bene Gesserit, toutes associées à une Maison, mais il est impératif de maintenir une vigilance constante. Ne vous laissez pas distraire par des comportements … inappropriés ou des avances non désirées. La même prudence s'applique aux Mentats. En ce qui concerne les portefeuilles du CHOM et de la Guilde Spatiale, il est préférable de les éviter et de ne pas les déranger inutilement. En cas de problème, sachez que la médecin Suk de la Maison Varykino est disponible dans la baie médicale en bas. Elle est sous conditionnement impérial et ne peut causer de tort à aucun patient, donc si un invité pose problème et refuse les soins, dirigez-le directement vers elle, ça devrait le calmer.

Si vous avez un doute, adressez-vous au chambellan à l'entrée, il a la liste vérifiée des invités.

Bon … pour les lieux … PUTAIN, LA CARTE, MERDE !”

Sa limite de patience se trouve donc là. Il peste un moment après un de ses hommes pour qu'il aille récupérer une carte qui aurait déjà dû être affichée.

“Comment vous voulez bosser dans ces conditions, bordel ? On passe pour des clowns là. Bref … en attendant, gardez en tête que Varys est une île : elle est bordée de falaises abruptes et de forêts denses, offrant de nombreux cachettes potentielles pour des intrus ou des forces adverses. L'accès a beau se faire bateau, cela ne veut pas dire qu'un assassin créatif ne trouverait pas un moyen. Bon … en attendant la carte, est-ce que vous avez des questions ?”

Il bouillonne. En attendant d'éventuelles questions, un homme revient avec la carte des lieux, visiblement fébrile.

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[[LOUPS] Maître du Jeu]

Enfin arrivé dans la grande salle de réception qu'il avait déjà eu l'honneur de fréquenter, il se conforma avec discipline aux exigences de son rang, saluant ceux qu'il se devait d'honorer, suivant ainsi ses parents et sa sœur Orla.

Alors que les membres de la Maison Lycaeus se dispersent, répondant à leurs devoirs ou cherchant à les éviter, Kaito se retrouve momentanément isolé. Il n'est cependant pas seul bien longtemps : il est bientôt rejoint par une figure familière, bien que vieillie, Lord Fendrel Ancaris, le dirigeant de la Maison Ancaris.

Vêtu d'une tenue élégante mais sobre, il se dirige vers Kaito avec une démarche assurée. Malgré les éclats de lumière et les murmures animés de la fête, il fait preuve d'une concentration remarquable. L'air empreint de l'acier de sa détermination, il tend une main ferme et amicale à Kaito tout en affichant un sourire mesuré.

“Mon garçon, quel plaisir de vous revoir après ces trois longues années. Permettez-moi de vous présenter mes plus sincères félicitations pour le succès du contrat avec les Maîtres d'Armes de Ginaz. Une réalisation impressionnante, en effet,” sa voix, grave et teintée d'une respectueuse admiration, résonne avec une certaine chaleur malgré la réserve professionnelle qui le caractérise.

Il marque une pause, observant Kaito avec un regard perçant mais non moins cordial, sinon peut-être ironique. Cependant, le vieux hibou maîtrise trop bien le verbe pour en jurer.

“Et bien sûr, mes félicitations s’étendent également à votre mariage. C'était il y a quatre déjà, je n'avais pas eu l'occasion de vous présenter mes hommages avant votre départ. Un coup de maître stratégique de la part de votre mère, une Bene Gesserit sur Lykos … même à la cour de votre grand-père, cela ne s'était pas vu. Un tel atout sera inestimable à votre famille.”

De ce que Kaito se souvient, Lord Ancaris se méfie comme de la peste de l'Ordre et préfère voir son fils unique et héritier Hector célibataire plutôt que marier à l'une des Sœurs.

“Kaeda doit être ravie des alliances qu'elle a forgé grâce à vous et Orla. Un mariage très suivi, le couple de votre sœur avec Léopold Almera. Brunilda doit être … transportée de bonheur à l'idée d'être grand-mère très prochainement, espérons-le.”

La mine fermée de la consort en titre de la Maison Almera indique tout sauf le bonheur.

***

— Zak'm. Accompagnateur officiel, invité de peu de manières dont le palais atrophié ne se prête pas souvent au jeu du festin ou son étiquette.[/justify]

Erik observe la main tendue de Zak'm pendant une brève seconde, ses yeux scintillant d'une lueur intriguée et calculatrice. Ce n’est pas souvent qu’on lui présente une poignée de main de façon aussi directe. Il la serre avec une poigne ferme mais contrôlée, l'ombre d'un sourire en coin étirant ses lèvres.

”Erik Varykino. Accompagnateur officieux des affaires de ma famille, et observateur impassible de cette scène politique mouvante.”

Le ton d’Erik est léger, presque désinvolte, mais on y sent aussi la fine maîtrise du langage qui l'a toujours caractérisé. Sa prise de la main de Zak'm s'attarde juste assez pour être marquée d’un sentiment de respect mutuel, avant qu’il ne relâche l’étreinte, les anneaux de Zak'm cliquetant légèrement.

Erik s’appuie alors légèrement sur le bord de la table, adoptant une posture détendue mais toujours alerte. Il capte rapidement le regard de Zak'm, qui semblait brièvement troublé par une silhouette dans la salle, mais il choisit de ne pas commenter cette perturbation immédiate. Au lieu de cela, il plonge directement dans l’échange qui l'intéresse :

”Vous avez raison, Zak'm. Ces festivités…” Il marque une pause, observant lui aussi la sculpture de glace transpercée par les épées de Ginaz. ”Elles ont souvent un éclat de surface, mais leur véritable sens, comme vous le savez, est dissimulé. Ce soir, les remous que vous attendez ne viendront peut-être pas du faste que vous méprisez, mais de ce qui se murmure entre les convives.”

Il lance un regard furtif vers les groupes épars de nobles et autres invités qui discutent avec animation dans la grande salle. Erik sait que derrière chaque sourire se cachent des enjeux bien plus profonds, des alliances en train de se former ou de se briser, des jeux de pouvoir silencieux, exactement comme celui qu’il est en train de jouer avec Zak'm.

”Vous parliez de ‘tangibles’... Je me demande, Zak'm, quelles sont ces tangibilités que vous espérez tirer de cette soirée. Je vous sens quelqu’un d’observateur, de patient, et pourtant… il y a une certaine impatience dans vos gestes. De toute évidence, vous n'êtes pas d'ici …”

Erik joue avec le pied de sa coupe de vin, son sourire toujours présent, comme s’il s’amusait à décrypter les pensées de son interlocuteur. Il jauge Zak'm d’un regard curieux, mais sans hostilité, prêt à écouter ce qu'il s'attend visiblement à ce que l'étranger a à offrir en termes d’alliance ou d’intention cachée.

***

Saisissant un verre de nectar aux teintes brunes, Athis se fraya un passage jusqu'au Duc Lorenzo D'Auria, bien connu pour son arrogance potentielle. Elle attendit patiemment le moment opportun pour s'incliner devant lui, avec un visage neutre mais amical. Son attitude était naturelle, comme si elle avait utilisé toute son appréhension palpable pour la transformer en une force sereine. Aucune trace d'audace, juste ses yeux noisette comme un reflet de l'âme, témoins peut-être d'une réelle volonté de montrer que sa simple présence devant lui était un pas en avant. Puis, gardant toujours un silence de déférence, elle tourna sa frimousse vers une fresque issue de l'art exceptionnel de la maison d'Auria juste derrière le Duc.

Lorenzo D'Auria, se tenant droit avec une aura de fierté inébranlable, observe l'arrivée d'Athis avec un léger plissement des yeux. Une femme, vraisemblablement une conseillère, se penche discrètement vers lui, sans doute pour lui souffler l'identité d'Athis. N'ayant que rarement l'occasion de traiter directement avec des diplomates, et encore moins des aussi jeunes, il n'est pas étonnant que le dirigeant de la Maison mineure ne connaisse pas chaque visage. Cependant, les usages dictent qu'il fasse semblant du contraire, comme le voulait l'étiquette.

Une coupe de vin en main, le vieil homme laisse le nectar rouge foncé tourbillonner dans le verre, tandis que son regard passe brièvement de la fresque derrière lui à Athis, étudiant son approche. Un sourire sardonique effleure ses lèvres, mais ses paroles restèrent mesurées et polies :

“Demoiselle Athis. Il est rare de voir un membre de votre maison s'aventurer si près de la nôtre, surtout en ces temps... tumultueux.”

Son regard se fait perçant, cherchant à jauger l'intention derrière ce geste d'inclination. Lorenzo est conscient que ce genre d'approche, même respectueuse, n’est jamais anodine dans ce type de contexte politique. Il s’approche lentement d’un pas, légèrement incliné vers elle, comme s’il cherche à capturer l’essence de son calme apparent :

“Vous avez l’air détendue, jeune fille, dans un moment où beaucoup tenteraient d’éviter notre compagnie. Faut-il y voir une audace maîtrisée ? Ou simplement un intérêt soudain pour l’art de ma maison ?”

Sa voix est douce, mais son sous-entendu est clair. Lorenzo teste Athis, curieux de voir si elle est là par opportunisme ou pour quelque chose de plus stratégique. Il prend une gorgée de son vin, sans détacher son regard d'elle.

***

Il n’y a en effet pas besoin d’être un grand psychologue pour voir que distribuer des sourires polis à des inconnus qui cancanent et faire la conversation à des notables poudrés n’est pas son activité de prédilection vu comme il limite ces interactions au minimum en tenant certes d’y mettre les formes sans pour autant arriver à masquer totalement un mélange de gêne et peut-être d’agacement.

Alors que Soren croise les bras et scrute la foule, attentif au discours du chef de la sécurité de la Maison Varykino, une présence familière se matérialise à côté de lui.

C'est Garrik Senn, le connétable de la Maison Lycaeus, imposant comme toujours avec ses larges épaules et son bras droit marqué par une brûlure impressionnante. Son regard perçant, toujours vigilant, se pose sur la foule puis sur Soren. Il esquisse un sourire en coin, mais c’est un sourire plein d’amertume.

"Ces foutus mondains... J’ai vu des ruelles infestées de Seirithan où la pourriture est plus honnête que ces politicards. Reste sur tes gardes. Il y a toujours quelque chose qui cloche dans ce genre de rassemblements. Ces gens-là, ils sourient, mais ils planifient toujours quelque chose.”

Il jette un regard dédaigneux sur les nobles dans leurs vêtements somptueux.

“Ça te démange pas trop d’aller faire un tour dehors ? J’ai vu que tu n’étais pas trop fan des festivités,” un sourire entendu se dessine sur son visage.

[Karasu]

"Ces foutus mondains... J’ai vu des ruelles infestées de Seirithan où la pourriture est plus honnête que ces politicards. Reste sur tes gardes. Il y a toujours quelque chose qui cloche dans ce genre de rassemblements. Ces gens-là, ils sourient, mais ils planifient toujours quelque chose ..... Ça te démange pas trop d’aller faire un tour dehors ? J’ai vu que tu n’étais pas trop fan des festivités”.

Soren hoche la tête avec un sourire qui pourrait sembler contenu mais qui reste expressif : une sorte de soulagement semble s'en dégager, renforcé par le fait que ses larges et puissantes mâchoires se décrispent un peu. Il parle à voix très basse pour donner sa réponse au Connétable.

-" C'est pour ça que je n'aime pas être au milieu de cette fosse à serpents. Rien n'est franc, tout est sournois. On n'a jamais la bonne réponse à leurs questions à la con. Si il te demandent si tu aimes quelque chose et que tu dis oui, soit tu ne fais pas preuve d'esprit critique soit tu es trop servile envers les hôtes et si tu dis non, soit tu es un rustre qui ne comprend rien soit un égoïste arrogant qui n'est pas reconnaissant de l'invitation reçue et de l'honneur qui va avec. Et il faut faire attention à tout : quand on est face à une main tendue, on doit la serrer, mais d'autres fois, il faut l'embrasser .... Et encore quand on la serre, il ne faut pas la serrer trop fort pour ne pas faire mal ou être vexant, mais aussi pas trop mollement pour pas que ça soit suggestif ni trop longtemps pour ne pas faire croire à je ne sais pas quoi .... Après il faut faire le tri entre monsieur, madame, votre grâce, votre éminence et je ne sais pas trop quelle appellation farfelue ... Sans compter qu'il faut marcher en regardant partout parce que la majorité est fragile comme un vase de grand-mère et pourrait se blesser en tombant ou pourrait renverser son petit gâteau à la crotte de mouette et abîmer sa liquette en dentelle à quatre poignées d'épice ... Tu parles ... ".

Il se penche vers le connétable en continuant à sourire.

-" Et puis c'est quoi l'intérêt de mettre des pelures de bégonias grillées ou de la poudre de peau de mandarine dans la crème des gâteaux ? Ou de siffler son vin dans un verre en cristal en forme de patte de cygne ? Franchement je ne vois pas l'intérêt. Je préfère nos gobelets en bois. Déjà parce qu'on en met bien plus dedans !".

Soren se redresse et reporte son regard sur les convives, le mobilier, la salle et ses accès, parlant toujours à voix basse.

-" Donc oui, je serais mieux dehors à surveiller les accès ou mieux encore sur Lykos à patrouiller en ville ".

[Comète]

Caelum, bien qu'encore jeune, a appris à être réfléchi dans ses réponses, surtout face à des figures aussi respectées que le Docteur Carlyle. Il se redresse légèrement, cherchant à imiter la dignité qu'on attend de lui, mais son côté rêveur et enfantin transparaît toujours dans sa façon de parler. Après avoir écouté Keith avec une attention presque solennelle, il esquisse un léger sourire, plus espiègle que protocolaire, et répond avec la candeur typique des enfants, mêlée à un sens de l’observation inattendu :

"Je n’ai jamais bien compris pourquoi les adultes parlent toujours de choses aussi compliquées. Parfois, je me demande s’ils ne préfèrent pas juste parler pour ne rien dire…" Il marque une courte pause, plissant légèrement les yeux comme il le fait souvent lorsqu'il réfléchit profondément. "Mais vous avez raison. Je vois bien qu’il y a ici plus que des mots échangés. C’est comme… des fils invisibles, n’est-ce pas ? Comme ceux qu’on tisse dans les ateliers pour fabriquer les kuraïmoiré et les suirikirei. J’ai l’impression que tout le monde essaie de tirer sur ces fils, pour voir qui peut en tirer le plus fort sans les casser."

Il penche légèrement la tête, ses yeux bleus brillant de cette curiosité insatiable qu’il ne peut dissimuler.

Le Docteur Carlyle semble à demi surpris, attendant une réponse de cet acabit, mais pas d'une telle acuité. Ses commissures labiales se retroussent un peu plus en ses joues, son sourire malicieux dévoilé malgré la pilosité présente sur son visage. Keith a toujours été fasciné par la clairvoyance dont peuvent faire preuve les enfants, démonstration supplémentaire que leur psychée n'a rien de celle d'un adulte moins développée, mais qu'elle est simplement... différente. Il prend une gorgée franche de son onctueuse boisson et lui répond :

« Bravo petit seigneur... Votre vision est juste et votre esprit éclairé. Toutes ces choses compliquées dont ils parlent sont le reflet sincère de tout l'enchevêtrement qui caractérise les relations humaines. Les mammifères que nous sommes avons réussi à créer des structures sociales nous permettant d'interagir entre individus. Mais nous avons créé d'autres structures parmi ces structures, en dehors de celles-ci, mais aussi au travers. Et c'est ainsi que nos échanges deviennent souvent vides de sens mais chargés de sous-entendus et d'interprétations. Parler pour ne rien dire, comme vous l'avez si bien relevé messire Caelum, est devenu un art pour la plupart des créatures ci-présentes. Leurs mots, leurs phrases et leurs discours sont autant chargées de conviction et de véracité que le seraient ceux d'un pantin inanimé. »

Le scientifique marque une pause afin de laisser le temps au jeune Caelum d'enregistrer ses propos et de les visualiser.

« Les mots échangés ici sont la plus basse des monnaies que l'on puisse trouver sur ce terrain de chasse endiablée. Vous faites preuve d'une grande sagacité en percevant ces fils invisibles aux tissages autrement complexes. Chacune des figures présentes dans cet espace clos doit faire preuve d'une grande habileté pour manier ces cordages sans les briser. Si une seule de ces innombrables attaches est démantelée, alors l'équilibre est rompu et la partie l'est aussi. C'est un jeu bien cruel pour nos pauvres âmes mortelles, car d'aucuns risquent tout en s'aventurant à travers ce dédale ; jusqu'à leur propre existence. Certains pensent agir pour le bien, d'autres ne vénèrent que le mal. Mais la question que vous devez toujours vous poser, messire Caelum, c'est pourquoi ? Quelle est la raison ? Le cœur peut être un ami comme un traître. Quand le temps sera venu pour vous de rentrer dans la partie qui se joue ici, conservez ce recul et ne devenez pas la marionnette dont les ficelles sont si convoitées. »

Keith pouffe doucement de rire.

« Me voilà devenu aussi ennuyeux que toutes ces grandes gens, n'est-ce pas ? Pour une jeune âme aussi curieuse et aventureuse que la vôtre, la compagnie de ma fille Sélune doit sûrement être bien plus distrayante. »

[Yiajmhat]

”Vous parliez de ‘tangibles’... Je me demande, Zak'm, quelles sont ces tangibilités que vous espérez tirer de cette soirée. Je vous sens quelqu’un d’observateur, de patient, et pourtant… il y a une certaine impatience dans vos gestes. De toute évidence, vous n'êtes pas d'ici …”

Comme tout homme qui se respecte, consciemment ou inconsciemment, Zak'm jauge la poignée de main que veut bien lui offrir Erik. Ni moite, ni molle, ni mal dosée, il n'espérait pas moins d'un Varykino qu'il sache y mettre une juste pincée d'affirmation et de caractère. En échange, l'étranger semble franc plutôt que ferme, n'évoquant là aucune menace latente dont il souhaiterait faire passer le message. Cette galanterie masculine achevée et tandis que l'homme du désert opine avec compréhension devant le poste officieux que son interlocuteur détient sur cette scène publique, il dépose la flûte entamée sur le rebord de la table nappée d'écru et de mets. Patiemment, sa senestre verrouille son poignet droit en aval de son échine qui se raidit souplement et ouvre l'éventail de ses épaules. Le basané exsude l'ouverture mais aussi la confiance en lui, n'ayant guère besoin de se protéger derrière le nœud de bras croisés, l'assurance tranquille de qui sait se charger de lui-même. D'un regard de biais, il prend note de la décontraction relative de son voisin dont le séant se presse contre le présentoir du buffet sans même avoir la velléité de la commenter, factuel. Peu enclin à se prendre au jeu des ronds-de-jambe et politesses d'usage que l'on devrait présenter à un hôte de cette qualité lorsqu'enfin son identité se dévoile, Zak'm s'engage dans la suite de leur cordial échange selon le ton sur lequel ils s'étaient accordés à échanger.

— Il faut admettre que je n'aspire pas à en connaître — encore moins en comprendre — les tenants et aboutissants. Il est des nids dans lesquels je ne fourre pas mon nez, non pas par mépris puisque ma présence ici témoigne du contraire, mais par tranquillité d'esprit. Je me dois d'être honnête, je serais chanceux de reconnaître autant de visages ici que je n'ai de doigts à cette main, rétorque-t-il en ouvrant sa dextre aux membres tendus vers le plafond constellé de lustres, une paume qui ne révèle que des cals typiques d'un labeur que l'on pourrait qualifier de manuel.

Un sourire passager creuse une fossette tout juste décelable à son ombre perchée à l'orée de cette toison drue lui mordant le visage, une barbe domptée et soigneusement cirée qu'une tresse parachève en son extrémité. Tout en évoquant cette façon de ne guère connaître grand monde de cet univers à des lieues de celui qui l'intéresse, ses prunelles papillonnent sur la famille Lycaeus regroupée dans un périmètre contenu par ses interlocuteurs et sur le devenir de sa compagne engagée dans quelque conversation qu'il jugerait "typiquement féminine" auprès d'une consœur accompagnant une estimable représentatrice de maison. Aucune sympathie mielleuse ne filtre à travers ses froides observations qu'il finit par dédier de nouveau à son bavard voisinage en allégeant de fait son expression.

— Un peu moins de violon, un peu plus d'artistes, offre-t-il soudainement comme réponse à Erik, dans cette abrupte façon bien à lui d'être aussi direct qu'ambivalent sur sa définition de l'art ou de l'humour. Vous avez néanmoins raison : je ne suis guère originaire d'ici et n'aurais jamais parié engager la conversation avec un membre émérite de la famille régnante dès ma première visite. Le hasard tisse une intéressante toile.

Son impétuosité, plutôt que son impatience, était indéniable malgré la cadence souple et intelligible de sa diction. Toutefois, devait-il comprendre par là que les habitants de Moenia se montraient bien plus impassibles ? Erik lui-même avait croqué les prémices de ces tangibilités en les mentionnant, ce qui lui laissait entendre que le benjamin Varykino non plus ne devait pas être "d'ici", un songe qui le laissa rieur. Alors que la question le taraudait, Zak'm estima sans doute qu'il était pertinent de la verbaliser, affable.

— Dois-je en conclure que les mœurs de Moenia sont plus conventionnelles, mais que vous vous faites un point d'honneur à les pimenter ? Auquel cas, je devrais vous questionner sur ce qu'il manque à cette réception pour la parfaire à vos yeux, annonce-t-il non sans inciter un contact visuel équilibré avec son partenaire de crime.

D'un coup d'œil par dessus son épaule, il courtise les petits fours salés capables de murer les crampes de son estomac vide et mis à rude épreuve avant que leurs plaintes n'en deviennent sonores : ainsi l'étranger s'empare de ce qui ressemble à une chiffonnade de saumon fumé, d'aneth et de fromage blanc battu. L'œil aguerri pourra constater que le basané ne se jette guère sur la nourriture la plus sophistiquée et ne fait pas montre d'une appréciation particulière à l'égard de ce qu'il goûte presque du bout des lèvres, comme suspicieux à l'encontre de ces goûts peu familiers.

[Athis]

Athis prit le soin de poser un regard reconnaissant vers la conseillère, avant de considérer l'immense coupe en cristal de Lorenzo D'Auria, le temps d'un battement de cil. Il se délectait du même nectar que le sien. Puis il lui adressa la parole avec une vénérable bienséance, quoique pleine de légitimes sous-entendus mêlant curiosité et surprise.
“Demoiselle Athis. Il est rare de voir un membre de votre maison s'aventurer si près de la nôtre, surtout en ces temps... tumultueux. Vous avez l’air détendue, jeune fille, dans un moment où beaucoup tenteraient d’éviter notre compagnie. Faut-il y voir une audace maîtrisée ? Ou simplement un intérêt soudain pour l’art de ma maison ?”

Toujours étonnamment décontractée, elle balaya la grande salle de ses yeux noisette avant de les poser de nouveau dans les siens. En cet instant, elle était, physiquement tout du moins, de leur côté. Elle fit un petit non amusé de la frimousse avant de répondre enfin de sa voix grave et posée.
— Je tenais à saisir cette occasion de vous rencontrer enfin, Duc. Voyez, si j'aime tant la planète Moenia, c'est en grande partie à cause de vous. dit-elle, malicieuse, dans un petit soufflement de nez souriant. Il n'est sans doute pas nécessaire de comprendre l'art pour savoir l'apprécier. Je ne suis qu'une simple néophyte ne connaissant rien aux techniques nécessaires pour parvenir à de tels chefs-d'œuvre, mais mon cœur se réchauffe en les voyant. Quand la chance nous est donnée de vivre en paix, que pourraient faire de mieux les êtres vivants, que d'offrir pareilles émotions ? Alors voilà, c'est dit, merci pour tout cela, à vous et à toute votre Maison.

Puis elle leva légèrement sa coupe à son attention.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

-" Donc oui, je serais mieux dehors à surveiller les accès ou mieux encore sur Lykos à patrouiller en ville ".

Garrik Senn écoute attentivement Soren, son visage impassible, mais ses yeux trahissent une certaine compréhension. Il reste silencieux un instant après que son lieutenant a terminé, puis il répond d'une voix grave, légèrement teintée d’ironie.

“S'il n'y a rien de plus palpitant d'ici dix minutes, va faire un tour de patrouille dehors. Ils ont des artificiers qui bidouillent je-sais-quoi au fond du jardin, ils auront peut-être besoin de sécurité, histoire que personne n'ait l'idée d'en allumer une bleue plutôt qu'une rouge.”

Le connétable fixe un point dans la salle, son regard perçant comme s’il évaluait les faiblesses d’un ennemi invisible. Puis, il se tourne de nouveau vers Soren, d’un ton plus léger :

“Dieu merci, ce n'est pas tous les jours qu'on se tape ça, hein ? Et notre Marquise a au moins le goût d'organiser des événements où le principe est de se sortir l'épée du cul pour combattre avec. Bref ... le seigneur et sa dame ne devraient pas tarder. Je vais checker où en sont les autres. Et qu'on en finisse vite.”

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Keith pouffe doucement de rire.

« Me voilà devenu aussi ennuyeux que toutes ces grandes gens, n'est-ce pas ? Pour une jeune âme aussi curieuse et aventureuse que la vôtre, la compagnie de ma fille Sélune doit sûrement être bien plus distrayante. »

Caelum, les sourcils légèrement froncés, tente de suivre les paroles du Docteur, mais il semble s’être perdu au fur et à mesure de la conversation. Son regard dévie vers l'entrée de la pièce et il aperçoit Sélune, accompagnée de sa nourrice. Son visage s'éclaire soudainement. Il force cependant un sourire poli et répond au scientifique avec un mélange de sérieux et d'impatience mal contenue.

“Merci, Docteur, c'est... très intéressant, vraiment. Vous avez raison, c'est important de comprendre tout ça.” Il jette un coup d'œil rapide vers Sélune, visiblement de plus en plus distrait. “Mais je pense que je devrais... enfin, Sélune vient d'arriver, et je pense que je devrais aller la voir avant qu'elle... euh... parte.”

Il se redresse maladroitement, ajuste ses vêtements avec une touche d'exagération enfantine, puis ajoute avec une tentative de dignité adulte :

“Je vous remercie encore pour la conversation.” Et sans attendre de réponse, il s'éclipse rapidement vers sa copine, son pas trahissant son enthousiasme à l'idée de s'échapper.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

— Dois-je en conclure que les mœurs de Moenia sont plus conventionnelles, mais que vous vous faites un point d'honneur à les pimenter ? Auquel cas, je devrais vous questionner sur ce qu'il manque à cette réception pour la parfaire à vos yeux, annonce-t-il non sans inciter un contact visuel équilibré avec son partenaire de crime.

D'un coup d'œil par dessus son épaule, il courtise les petits fours salés capables de murer les crampes de son estomac vide et mis à rude épreuve avant que leurs plaintes n'en deviennent sonores : ainsi l'étranger s'empare de ce qui ressemble à une chiffonnade de saumon fumé, d'aneth et de fromage blanc battu. L'œil aguerri pourra constater que le basané ne se jette guère sur la nourriture la plus sophistiquée et ne fait pas montre d'une appréciation particulière à l'égard de ce qu'il goûte presque du bout des lèvres, comme suspicieux à l'encontre de ces goûts peu familiers.

Erik, manifestant une expression de compréhension amusée, se penche légèrement vers Zak'm avec un sourire en coin.

“Vous avez raison, la rigidité des mœurs de Moenia peut parfois sembler un peu figée, surtout pour quelqu'un qui n'est pas habitué à ce genre de ... festivités.”

Il jette un coup d'œil autour de la salle, puis se penche un peu plus près, murmurant avec une lueur malicieuse dans les yeux.

“Si vous le souhaitez, une fois que mes parents auront faits leur apparition, nous pourrions nous éclipser discrètement vers le port. J'ai un endroit là-bas où je joue souvent, un établissement qui a une atmosphère bien plus... vivante que ce que vous trouvez ici. Je serais ravi de vous y emmener. Cela pourrait offrir un contraste intéressant avec cette réception. Qu'en pensez-vous ?”

Erik accompagne sa proposition d'un sourire complice, cherchant visiblement un partenaire du crime pour fuir ses responsabilités.

[[LOUPS] Maître du Jeu]

Toujours étonnamment décontractée, elle balaya la grande salle de ses yeux noisette avant de les poser de nouveau dans les siens. En cet instant, elle était, physiquement tout du moins, de leur côté. Elle fit un petit non amusé de la frimousse avant de répondre enfin de sa voix grave et posée.
— Je tenais à saisir cette occasion de vous rencontrer enfin, Duc. Voyez, si j'aime tant la planète Moenia, c'est en grande partie à cause de vous. dit-elle, malicieuse, dans un petit soufflement de nez souriant. Il n'est sans doute pas nécessaire de comprendre l'art pour savoir l'apprécier. Je ne suis qu'une simple néophyte ne connaissant rien aux techniques nécessaires pour parvenir à de tels chefs-d'œuvre, mais mon cœur se réchauffe en les voyant. Quand la chance nous est donnée de vivre en paix, que pourraient faire de mieux les êtres vivants, que d'offrir pareilles émotions ? Alors voilà, c'est dit, merci pour tout cela, à vous et à toute votre Maison.

Puis elle leva légèrement sa coupe à son attention.

Lorenzo D’Auria, bien que toujours courtois, laisse transparaître une note de désintérêt poli alors qu'il écoute Athis. Poli, il n'en serait être autrement : ainsi va le jeu des Faufreluches. Il prend une gorgée de son nectar avec une lenteur mesurée avant de répondre, ses yeux perdus dans la contemplation de la foule.

“Vous êtes généreuse dans vos louanges,” il incline légèrement la tête en un geste subtil de redirection. “Puisque vous semblez avoir une telle appréciation pour notre collection, je vous recommande de vous entretenir avec Dame Corvus. Elle est passionnée par l’art et saura certainement enrichir votre compréhension de l'art. Je suis certain qu’elle serait ravie de partager ses connaissances avec vous.”

Lorenzo esquisse un sourire poli, mais son regard se détourne déjà vers un groupe d'invités plus en phase avec ses préoccupations, signalant clairement que la conversation touche à sa fin.