Re: [CAMPAGNE] L’éclat des lames et l’ombre des intrigues
Publié : 07 sept. 2024, 08:59
Un léger virage au sein de ces coursives végétales lui fait perdre momentanément sa proie de vue. Une grimace mécontente souillant ses lèvres roses, Siltaar accélère le pas avant de s’arrêter net, figée sur la séquence d’une scène aux atermoiements tendus : la servante, statufiée, comme tenue en respect par la seule volonté d’une dame Salistra, celle-ci tenant ses enfants contre elle, telle la louve redoutable défendant sa précieuse progéniture. Un échange de regard, bref, se fait entre la Réfugiée et la Sœur, cette dernière reconnaissant à coup sûr cette figure au teint de lune enveloppée de l’éternel charbonneux de sa vêture.[LOUPS] Maître du Jeu a écrit : ↑06 sept. 2024, 23:26 Salistra, d'une voix froide et tranchante, ordonne d'un souffle empli de la Voix :
"Lâche-le."
Le pouvoir Bene Gesserit fait son œuvre. La servante, comme frappée d'une paralysie soudaine, relâche immédiatement son emprise sur Hélios. L'enfant, dans un réflexe de survie, se glisse de nouveau sous la haie, échappant de justesse à sa capture. Salistra a réussi à créer une ouverture, mais avec Sélune dans ses bras et Caelum toujours à ses côtés, ses mouvements sont limités. Le temps joue contre elle.
Une ouverture.
Aussitôt sa prunelle écarquillée d’un stress notable capte-t-elle la fuite du benjamin, dont elle aperçoit le bout des talons s’agiter encore entre les racines revêches du cordon de haies. D’une foulée preste, la pointe de ses cothurnes mordant le gravier, elle se jette au sol pour agripper l’enfançon fugueur. Et le voici qui, terrifié, se débat, hurle, ses pieds battant l’air, ses menottes griffant la terre morcelée de feuilles sèches et de cailloux. Le cheveu défait, flirtant avec les denses ramilles, la Musicienne peste intérieurement mais tient bon, ses doigts accrochant le tissu fripé du pantalon, et attirant l’effarouché bambin vers elle pour le ceinturer contre son propre corps.
— Hélios. Hélios-… ! répète-t-elle à son oreille sur une note calme. C’est moi. Siltaar. Le garçonnet hoquète à gros sanglots, paniqué, cherchant à se défaire de l’étreinte. Il n’entend rien que les battements affolés de son cœur, il ne voit rien que la peur qui instille son venin en lui. D’un coup de reins tonique, la jeune femme bascule sur son séant, poussant sur ses talons pour glisser loin de la soubrette mentalement manipulée. Calée sur ses fesses, le dos contre le rempart végétal, elle fait pivoter le gamin pour l’obliger à la regarder, le forcer à remettre les traits si particuliers de son visage dans le contexte d’un souvenir familier. Peut-être la replacera-t-il au sein du gynécée, avec pour figure centrale, sa mère à la beauté céleste, et pour fond musical, les rires de sa fratrie… Ou le son d’un insolite instrument dont il aura voulu toucher le bois, tester les cordes. Peut-être. Hélios, regardez-moi. Regardez-moi-… ! Siltaar.
Quoi que gauche, les pouces qui rejettent les billes cristallines roulant sur les joues du benjamin se veulent tendres. Et de le serrer contre elle, sa senestre en garde-fou possessif de ce crâne vulnérable lorsqu’enfin la rétive progéniture se veut la reconnaître et s’apaiser dans son giron. Siltaar, elle, reporte son attention sur Salistra, ses iris se juchant sur le faciès maternel, Hélios en sécurité dans le berceau protecteur de ses bras refermés sur son corps tremblant.