- Je suis soldat docteur Osian, c'est comme ça que je passe mon temps.

Au plafond du petit local médical deux globes lumineux planaient placidement, Hugo aurait aimé que ses mains en fassent autant au lieu d'attirer l'attention.

- Quand je suis libre, j'ai le temps de faire mon thé comme il faut, et puis de continuer à lire les livres d'Histoire que me prête monsieur Maes. Mais ça me dérange quand il ne les donne pas dans l'ordre chronologique. Le frottement des paumes a repris mais ayant perdu toute vigueur. Comme des enfants turbulent qui finissent par montrer enfin des signes de fatigue. - Et des fois quand je n'ai plus de feuilles de Varun et de Thym, je vais à l'échoppe de l'herboriste en ville pour en acheter. J'aime bien regarder les paniers d'herbes de toutes les couleurs.

Enfin les mains hyperactives ont trouvé à s'occuper alors qu'Hugo se lève sans formalité et leur ordonne de replacer la chaise proprement face au bureau du médecin.

- J'étais venu vous voir parce que j'étais tracassé à cause du secret de monsieur Léopold. Merci de m'avoir écouté docteur Osian. Un mouvement coordonné des épaules, du cou et de la tête vers l'avant accompagne les mots soigneusement articulés de la diction du jeune homme atypique. - Je ne voudrais pas que vous soyez en retard pour vos autres rendez-vous. Il ne faut pas être en retard. Au revoir docteur Osian.
Affranchi de toutes conventions sociales, Hugo prend congé du médecin et figure éminente de la Maison Lycaeus. Un...deux...trois...quatre... Dans un coin de sa tête la litanie de ses itérations numériques cadence de nouveau ses pas à travers le couloir.